Avec quatre introductions en Bourse sur les neuf premiers mois de l’année, Euronext Bruxelles dépasse le nombre d’IPO de 2017. Au niveau global, selon le baromètre trimestriel EY, l’année 2018 s’annonce contrastée…
2018, une année contrastée en matière d’IPO (Initial Public Offering) au niveau mondial ? C’est ce que semble indiquer le troisième volet du baromètre trimestriel du cabinet d’audit et de conseil EY. En effet, deux tendances opposées sont observées : les montants levés au cours des 9 premiers mois de l’année de 2018 augmentent de 9 % par rapport à l’année 2017. Alors que dans le même temps, le nombre d’entrées en Bourse continuait de chuter pour baisser de 18 %. Un signe que les entreprises tendent à prendre moins de risques…
En cause ? Les tensions géopolitiques et le climat économique incertain, notamment le conflit commercial entre la Chine et les États-Unis. Le Brexit semble également peser dans la balance. Malgré ce contexte tendu, EY note que le niveau d’activité de ce troisième trimestre se situe plutôt dans la partie haute du tableau des dix dernières années, tant en nombre d’IPO qu’en valeur.
À la hausse : les ‘licornes’ à la rescousse…
Si le volume des montants levés est au beau fixe, c’est entre autres grâce à l’impulsion des scale-up. Une augmentation de 9 % à l’échelle mondiale essentiellement portée par les licornes américaines, puisque le phénomène s’est plutôt ralenti en Europe et en Chine. Le poids des introductions en Bourse, cumulées sur l’année, semble ainsi se fixer au-dessus des niveaux observés en 2017, atteignant les 47 milliards de dollars pour le trimestre. Une tendance de fond, puisque EY estime que les scale-up américaines continueront d’animer les prochains mois.
… et le dynamisme de quelques secteurs
Au niveau sectoriel, ce sont les domaines technologiques, industriels et de la santé qui se sont le plus mis en évidence à l’échelle mondiale. Qu’est-ce que cela veut dire ? Selon EY, cela signifie que les investisseurs tentent de trouver un équilibre entre innovation et retour aux fondamentaux. Pour les prévisions, EY envisage des efforts sectoriels différents en fonction des régions : aux États-Unis, le health care risque d’inonder le marché, alors qu’en Asie, les industriels se montreront actifs. Pour la région EMEIA (Europe, Moyen-Orient, Inde et Afrique), on s’attend à un équilibre entre entreprises technologiques et secteurs traditionnels.
L’Europe marque le pas, l’Asie a le vent en poupe
Avec moins d’une trentaine d’introductions en Bourse au cours du trimestre (c’est-à-dire moins 23 % par rapport à la même période de 2017), c’est le marché européen qui semble subir davantage l’impact des incertitudes géopolitiques et économiques… Des phénomènes qui refroidissent les investisseurs, puisque le poids des IPO européennes a baissé de 91 % par rapport au troisième trimestre de 2017. En sens inverse, la zone Asie-Pacifique a été l’une des plus actives en matière d’entrées en Bourse. Une tendance portée par trois IPO géantes et des ajustements réglementaires favorables sur le marché de Hong-Kong, Chine, ainsi que par les bonnes performances des licornes japonaises. Sur le continent américain, ce sont, sans surprise, les États-Unis qui mènent la danse avec près de 9 IPO sur 10. La confiance demeure donc solide de la part des investisseurs américains, malgré l’approche des élections de mi-mandat (novembre 2018).
En Belgique ? Mieux qu’en 2017
La place de Bruxelles a enregistré quatre introductions en Bourse depuis le début d’année, dépassant le nombre d’IPO réalisées en 2017 (au nombre de 3). Parmi les entreprises cotées sur Euronext Bruxelles, Acacia Pharma Group, basée au Royaume-Uni, qui a levé 40 millions d’euros. En juin, c’était au tour de FNG NV (une société spécialisée dans le design de l’habillement et des chaussures avec des marques comme Brantano ou Fred & Ginger) de faire son entrée sur le principal marché belge. Dans le même temps, Eurocommercial Properties, entreprise active dans la détention et la gestion d’actifs immobiliers commerciaux, se lançait afin d’élargir et diversifier sa base actionnariale. Dernier en date : l’IPO de Shurgard, le spécialiste du stockage. Reste à savoir comment vont évoluer les IPO en ‘stand-by’, comme celles de Belfius (pour l’heure, reportée) ou de la biotech Apitope, dans un contexte tendu, qui a vu, par exemple, le néerlandais LeasePlan annuler son entrée en Bourse.
07.01.2019
GDPR : quatre lettres qui changent la donn(é)e
Le GDPR impose aux entreprises d’utiliser leurs données de manière plus réfléchie. Le mouvement de panique observé au mois de mai était-il justifié ou s’agissait-il d’une tempête dans un verre d’eau ?
Les puristes de la langue française préféreront peut-être l’abréviation RGPD, à savoir le Règlement général sur la protection des données. Mais la plupart utilisent l’abréviation anglophone GDPR, pour General Data Protection Regulation. Le GDPR est un règlement européen qui standardise les règles en matière de traitement des données à caractère personnel dans toute l’Union européenne. Les règles s’appliquent tant aux entreprises privées qu’aux autorités. Le GDPR est entré en vigueur en mai 2016, mais les organismes ont eu jusqu’au 25 mai 2018 pour s’adapter aux nouvelles règles.
La grande modification réside dans le passage à la « responsabilité ». Auparavant, la Commission de la protection de la vie privée était tenue de prouver qu’une entreprise ne respectait pas la législation en matière de protection de la vie privée. Depuis le GDPR, la balle est dans l’autre camp. Les entreprises doivent désormais prouver qu’elles se conforment aux règles de confidentialité. Face à un contrôleur de l’Autorité de protection des données (le nouveau nom de la Commission de la protection de la vie privée), les entreprises devront prouver qu’elles ont mis en place une politique décente en matière de traitement des données à caractère personnel. Dans la pratique, elles doivent adapter des procédures existantes ou en introduire de nouvelles. Songez à :
- un registre de traitement des données personnelles. C’est le lieu centralisé où seront consignées de manière formelle toutes les activités de traitement. En réalité, il s’agit d’une des seules exigences vraiment nouvelles du GDPR. Pour chaque traitement, le registre indique la personne responsable de son exécution, sur quelle base il est effectué, la manière dont il est protégé et combien de temps les données sont conservées. La tenue de ce registre force les organismes à réfléchir consciencieusement à ce qu’ils font avec les données personnelles et dans quel but.
- une analyse d'impact relative à la protection des données (DPIA) ou - en anglais – un Data Protection Impact Assessment (DPIA). Il s’agit d'un outil de responsabilisation, d’une procédure permettant d'évaluer si un traitement de données à caractère personnel comporte des risques pour les droits et libertés de la personne dont les données sont en cours de traitement et comment ces risques peuvent être contrôlés.
- le principe de « privacy by design » (protection dès la conception) et de « privacy by default » (protection par défaut). Le « privacy by design » s’applique à tous les nouveaux produits et services, le « privacy by default » vaut pour les produits et services pour lesquels les utilisateurs ont eux-mêmes la possibilité de partager ou de céder leurs données personnelles. Ces deux concepts obligent les organismes à protéger la vie privée de leurs utilisateurs en ajustant les réglages et les fonctions de leurs produits ou services par défaut (by default) sur la norme la plus respectueuse de la vie privée. Dans la mesure du possible, une autorisation est demandée avant le partage des données personnelles et un minimum d'informations personnelles est demandé et traité.
Une PME n’est pas l’autre
Du point de vue légal, l’introduction du GDPR n’a guère apporté de modifications. Notre loi sur la vie privée datant de 1992 se montrait déjà très stricte et correspondait dans les grandes lignes au GDPR. À titre d’exemple, cela fait plusieurs années qu’un organisme doit, en principe, demander l’autorisation de traiter des données à caractère personnel. Depuis plusieurs années, les consommateurs ont également le droit de consulter et de modifier toutes les informations les concernant. Voilà pour la théorie, mais dans la pratique, il n’y a jamais eu beaucoup de contrôle. Désormais, les procédures sont plus détaillées, assorties de lourdes amendes et la Commission de protection des données dispose de plus de pouvoirs pour punir les infractions. Pour la plupart des PME, le GDPR n’est pas une mauvaise chose, estime Dimitri Devlamminck (Data Governance and Regulation de BNP Paribas Fortis).
Dimitri Devlamminck : « En 1999, le bug du millénaire fut nettement pire. Mais les grandes entreprises qui traitent un nombre considérable de données en ont vu de toutes les couleurs. Nous aussi, oui (rires). Les banques sont des entreprises qui brassent énormément de données. Pour les PME, cela dépend au cas par cas. Certaines entreprises comme Waze, qui exploite une application de navigation, comptent à peine quelques dizaines d’employés, mais elles gèrent des données personnelles provenant de millions d’utilisateurs. Il en va tout autrement pour l'entreprise de menuiserie qui compte pourtant le même nombre d'employés. Les seules données que cette dernière doit gérer sont une liste des employés pour le paiement des salaires et une liste de clients pour envoyer des factures ou de la publicité. Pour ce dernier groupe, une notification de confidentialité, afin de leur communiquer à quelles fins vous utilisez ces données, est suffisante. Il suffit de bien la sécuriser et le tour est joué. »
Besoin d’un DPO ?
Il pourrait s’avérer judicieux de nommer un responsable de la protection des données au sein de votre organisation. En langage GDPR, il est généralement appelé DPO (Data Protection Officer ou Délégué à la protection des données). Le DPO est responsable du bon respect des règles de confidentialité. Dans certains cas, le GDPR en fait une obligation. Par exemple, pour les autorités publiques ou pour des organismes qui observent des personnes « de manière régulière, systématique et à grande échelle ». Le DPO peut être un employé en interne, mais également un conseiller externe.
26.09.2018
Cap sur une nouvelle ère de paiements !
Si l’innovation technologique continue de bouleverser le marché des paiements, les réglementations se mettent aussi à la page pour stimuler l’adoption de méthodes électroniques, notamment en encourageant la concurrence et en renforçant la protection du client… Résultat : le secteur est en proie à une énorme compétition. Qui s’imposera comme le mode ultime de paiement ?
Ouvrir (encore plus) grand les portes du digital
C’est l’objectif de la PSD2, une directive européenne entrée en vigueur en début d’année et transposée récemment en droit belge... Dans les grandes lignes, elle renforce la sécurité du client en encadrant l’accès aux données et le respect de la vie privée, et en limitant sa responsabilité. Autre nouveauté : les commerçants n’ont plus le droit d’exiger des frais additionnels pour un paiement électronique. En d’autres mots, une façon de stimuler les paiements digitaux... Même si les marchands gardent encore la possibilité d’instaurer un montant minimal pour pouvoir régler par carte. Autre élément dont l’impact n’est pas négligeable : l’ouverture des services de paiement aux opérateurs non bancaires (appelés « tiers prestataires »). Ces derniers pourront non seulement avoir accès — avec le consentement explicite du client — aux données des comptes, mais aussi initier des paiements en son nom.
L’avenir du paiement ? Cashless !
Smartphones, applications, portefeuilles digitaux ou encore cartes de paiement sans contact, le monde du « paiement » fait indéniablement sa révolution… Sous l’impulsion des nouvelles technologies, des évolutions réglementaires ainsi qu’en raison de la métamorphose des comportements d’achat (les milléniaux en tête). Un client de plus en plus conscient des solutions à sa disposition, alternant de l’une à l’autre, afin de répondre à des exigences bien marquées : simplicité, immédiateté et sécurité. Dans un secteur où les cartes sont redistribuées, les « acteurs », bancaires ou non, mettent tout en œuvre pour améliorer l’expérience client… Si les banques sont plus digitales que jamais, les géants du net, tels qu’Amazon ou Google, sont également entrés dans la danse. Les constructeurs de smartphones, Samsung et Apple en tête, se positionnent aussi. Enfin, parfois dans l’ombre, startups et scale-ups fintech continuent d’innover et de collaborer avec les plus grandes structures, notamment avec les banques dans les processus de digitalisation de leurs produits. Le secteur bouillonne !
À la recherche de la meilleure solution…
Si les méthodes de paiement évoluent, c’est aussi parce que les lieux d’achat ont changé. Du magasin physique, à l’explosion de l’e-commerce, en passant par un segment en croissance : le m-commerce, à savoir l’e-shopping via son smartphone, partout et à tout moment. Les solutions se multiplient pour répondre aux spécificités de chaque situation, toujours avec un objectif : simplifier le « trajet » du client, tout en garantissant sa sécurité. L’utilisation de la carte bancaire demeure majeure pour le commerce « in-store ». D’où, une série d’évolutions, telles que le contactless pour faciliter la transaction. Mais, que ce soit pour les achats en ligne ou en magasin physique, le smartphone se positionne comme l’outil de paiement de prédilection…
Le smartphone, véritable couteau suisse !
Symbole de mobilité par excellence, proposant des fonctionnalités techniques de plus en plus poussées et commodes pour l’utilisateur (identification biométrique, scan de code QR, géolocalisation, contactless, etc.), le smartphone ouvre un champ très large de possibilités pour les acteurs du paiement. Reste pour ces derniers à vaincre la bataille pour s’imposer comme l’interface ultime :
- Les applications bancaires permettent de réaliser un maximum d’opérations, mais aussi de gérer ses comptes. Plus user friendly que jamais, pour une expérience client facilitée.
- L’enjeu des portefeuilles électroniques est crucial : ces « digital wallets » se proposent de régler les achats en quelques clics sans devoir fournir d’informations, puisque toutes les données sont déjà consignées. Un marché très concurrentiel, au sein duquel chacun y va de son soft (« l’ancêtre » PayPal, les GooglePay, Apple Pay, Android Pay ou Samsung Pay, le chinois Alipay, etc.) et où MasterCard et Visa luttent également pour se positionner comme la référence.
- Des « applis » font la part belle aux transactions instantanées (commerciales ou non), tel Bancontact qui a récemment fusionné avec Payconiq Belgium pour asseoir sa place en Belgique ou SEQR qui propose également de payer sans contact avec son smartphone
Le défi ? S’imposer comme la « killer app », car toutes ces solutions ne survivront pas. Pour l’emporter, il faudra accroître les taux d’adoption (client et commerçants) afin d’atteindre une taille de marché critique, proposer une offre complète (programmes de fidélisation, fonctionnalités avancées, etc.), continuer à répondre aux exigences des clients et, enfin, garantir la sécurité des données.
29.08.2018
Le crowdfunding « libéré » du prospectus !
À partir de cet été, les entreprises qui se lancent dans une campagne de financement participatif de moins de 5 millions d’euros ne doivent plus rédiger de contraignant et onéreux prospectus. Explication…
La nouveauté ? La loi du 11 juillet 2018 relative « aux offres au public d’instruments de placement et aux admissions d’instruments de placement à la négociation sur des marchés réglementés ». Derrière cet intitulé à rallonge se cache la mise en application du nouveau (du 14 juin 2017) règlement européen « prospectus » en droit belge. Voici donc la version « belge »… Avec un objectif similaire : assurer aux entreprises, notamment les PME, un accès plus aisé et moins coûteux aux fonds participatifs. Comment ? En faisant exploser les seuils (à l’instar de ce que « propose » le règlement européen) à partir desquels les entreprises sont tenues d’élaborer un prospectus. Voyons cela de plus près…
Au « diable » le prospectus !
L’aspect fondamental de la réforme concerne donc le seuil à partir duquel un prospectus est exigé. Actuellement, ce document juridique d’information, publié à l’attention des investisseurs potentiels, était obligatoire au-delà de 300.000 euros. Or, la réalisation du prospectus représente un travail généralement complexe et coûteux pour les entreprises. Depuis cet été, cette limite a explosé, puisque les PME qui se lancent dans une campagne de crowdfunding pourront lever jusqu’à 5 millions d’euros sans devoir passer par la case « prospectus ». Ce seuil d’exemption peut même être poussé à 8 millions d’euros pour les offres qui passent par une cotation sur un marché boursier non réglementé.
Les gagnants : PME et plateformes de financement participatif
Dès aujourd’hui, les entreprises belges pourront donc organiser plus facilement des campagnes de financement participatif à plus grande échelle. Une façon de rattraper le retard pris par rapport aux pays voisins, où la barre de dispense est passée plus haut depuis longtemps. Si l’objectif est de simplifier l’accès au financement des PME, les plateformes de crowdfunding et de crowdlending, qui permettent de lever des fonds en faisant appel à la foule, se frottent également les mains. En effet, jusqu’à présent, elles devaient se limiter à des financements de 300.000 euros ou réaliser des montages complexes pour dépasser ce seuil. Désormais, leur marge d’opérations augmente considérablement.
Un garde-fou : la note d’information
La nouvelle réglementation belge prévoit, toutefois, un filet de sécurité. En effet, les « appels à la foule » de plus de 500.000 euros, pour lesquels les investisseurs peuvent miser plus de 5.000 EUR, devront rédiger une « note d’information » à destination du public. Ce document, plus succinct et aisé à établir qu’un prospectus, aura pour rôle de donner une série d’informations importantes aux investisseurs. Celui-ci devra, en outre, être déposé auprès de l’Autorité des services et marchés financiers (FSMA) au plus tard au moment de la mise à disposition de l’offre.
27.08.2018
Que cache exactement le JEFTA ?
Le Japon et l’UE ont signé un accord historique, qui va donner naissance à la plus grande zone de libre-échange au monde. Un acte fort, face aux tentations protectionnistes des États-Unis…
Un an après le Canada (avec le CETA), l’Union européenne signe un vaste accord économique et commercial avec le Japon : le JEFTA (Japan-EU Free Trade Agreement). Cinq ans après l’ouverture officielle des discussions, les deux partenaires se sont donc mis d’accord sur un texte, qui devrait entrer en vigueur en 2019. Contrairement au CETA — que le gouvernement italien semble toujours refuser d’entériner —, ce nouveau traité ne devra pas être ratifié par chaque Parlement national, puisqu’il exclut la question de la protection des investissements et des règlements des conflits (systèmes d’arbitrage). Une absence de débat au sein des États membres qui n’a pas manqué de soulever quelques critiques…
Un accord économique majeur
Celui-ci porte sur près d’un tiers du PIB mondial, 40 % des échanges mondiaux et une « zone » de 600 millions de consommateurs potentiels… Le JEFTA est le plus important pacte jamais négocié par l’UE. Troisième partenaire économique de l’Europe, derrière les États-Unis et la Chine, le Japon renforce ainsi ces liens avec le Vieux Continent. Les relations commerciales sont d’ailleurs déjà au beau fixe avec Berlin, puisque l’Allemagne est le premier exportateur européen vers le pays du Soleil-Levant. Du côté de la Belgique, les exportations vers l’archipel nippon sont en hausse ces dernières années, plaçant notre pays à la 5e place du classement européen. Dans l’autre sens, la Belgique figure au 4e rang des importations japonaises en Europe. Soulignons aussi que 74.000 entreprises européennes (dont 78 % de PME) exporteraient vers le Japon. Ces échanges sont également responsables de 600.000 emplois directs au sein de l’UE. Selon les experts, les ventes vers l’archipel nippon devraient augmenter de 16 à 24 %.
Au programme ? L’intensification des échanges !
Qui dit accord, dit bénéfices pour l’économie européenne ! Grâce à la réduction des tarifs douaniers nippons, le traité ouvrira le marché local — soit près de 127 millions de consommateurs — aux principaux (85 %) produits agroalimentaires de l’Union, tels que le chocolat, le vin ou les pâtes. Alors qu’actuellement, une entreprise européenne qui souhaite vendre du chocolat à Tokyo doit payer des droits de douane de 30 %. Du côté du lait et des fromages, les discussions n’ont pas été simples, aboutissant à l’élimination des taxes (très élevés), mais sur une période de transition pouvant aller jusqu’à 15 ans. Pour les viandes de bœuf et de porc, la réduction se fera aussi progressivement. Certains produits non alimentaires, comme les chaussures, bénéficient également de cet assouplissement des barrières. Selon les experts, les entreprises européennes pourraient économiser jusqu’à un milliard d’euros de droits de douane…
L’automobile japonaise passe la deuxième !
En outre, Tokyo s’est aussi engagé à assurer le même niveau de protection qu’en Europe à plus de 200 « appellations européennes », dont le Jambon d’Ardenne. Soulignons que, tant le sucre que le riz, produit symbolique et largement subventionné localement, sont exclus du pacte. Mais, qui dit accord, dit aussi contreparties ! L’accord prévoit donc la suppression des tarifs douaniers européens sur les voitures nippones, qui s’élevaient jusqu’à présent à 10 %. Un processus qui se fera également progressivement (sur une période de 7 ans). Les pièces automobiles (actuellement taxées à hauteur de 3 %) profiteront des mêmes avantages, mais dès l’entrée en vigueur du traité.
Pas que des heureux…
Comme pour le CETA (et le TAFTA), l’accord avec le Japon a suscité son lot de critiques et de craintes. Si l’aspect « secret » des discussions a posé question, la levée de boucliers porte davantage sur la « collaboration réglementaire » prévue dans le JEFTA, qui viserait à « éliminer les dernières barrières non tarifaires au commerce (à savoir les différences de normes et de réglementation). Autre élément sensible : le caractère non contraignant du volet consacré au développement durable… Certaines ONG environnementales vont plus loin et soulignent la contradiction entre les engagements en matière de lutte contre le réchauffement climatique et l’intensification des échanges commerciaux qui découle de l’accord !