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13.06.2016

Secteurs public et non marchand dans leur rôle d’acheteurs : géants aux pieds d’argile

Les achats cumulés du secteur public en Europe représentent 19 % du PIB. Ce pouvoir d’achat constitue un levier puissant, mais souvent sous-exploité.

Tous ensemble, les organismes publics possèdent un pouvoir d'achat énorme. Ils peuvent le mettre à profit pour donner une impulsion durable à l'ensemble de l'économie. Une opportunité qu’ils exploitent encore trop rarement, estime Mieke Pieters. Elle a travaillé longtemps comme expert stratégique en achats à la Ville de Gand et a organisé l’année dernière la conférence EcoProcura. Aujourd'hui, au travers de The Global Picture (www.theglobalpicture.be), elle assure des formations et fournit du conseil en matière d’achat durable, de facility management et de supply chain. Mieke Pieters :

« Je qualifierais les Autorités et le secteur non marchand, de géant aux pieds d'argile : le potentiel est énorme, mais il n’est quasiment pas utilisé. Et pourtant, avec une bonne politique d’achat, vous pouvez atteindre des objectifs de développement durable sans dépenser un sous de plus. »

Imprimer des critères de durabilité dans un marché public n’est que la première étape sur la voie d’une politique d’achat plus réfléchie. Le développement d'une stratégie d’achat constitue l’étape suivante. Cela peut être relativement facile, pour autant que l'organisation ait une vision bien claire.

Mieke Pieters : « Cette stratégie pourrait être, par exemple : d'ici 2020, nous voulons réduire nos émissions de CO2 de 20 %. Mais elle pourrait être aussi de stimuler l'économie sociale. Au département Achats, alors, de traduire la stratégie de l'organisation dans des objectifs d’achat. ”

Besoins réels, appels d’offre bien pensés

Une politique d’achat durable ne démarre pas par la question « Que voulons-nous acheter ? », mais bien avec « De quoi avons-nous réellement besoin ? ». Remplacer les 50 véhicules à essence de la flotte par 50 voitures hybrides, sans autre forme de réflexion, n’est pas forcément la bonne voie à suivre, explique Mieke Pieters :

« Remettons d’abord en question le besoin de 50 voitures. Si on les utilise à bon escient, peut-être que 25 véhicules feraient l’affaire. Sous l’axe de la durabilité, il sera justifié que ces véhicules, à la pointe du progrès, coûtent un peu plus cher. Autre option, passer aux voitures partagées ou encore, encourager l’utilisation du vélo électrique : les 80 % de l’impact en matière durable provient de nos remises en question de ce qui est vraiment nécessaire. Exercice qui s’applique tout autant aux ordinateurs et au matériel de bureau… »

En lançant des appels d’offres mûrement réfléchis, les organismes publics et les institutions du secteur non marchand peuvent emmener leurs fournisseurs sur une voie plus durable. Chaque jour, plusieurs centaines de camionnettes parcourent tout le pays pour le compte de ces organismes avec du papier, des repas, du linge…. Accordez des points supplémentaires au fournisseur disposant de la flotte la plus écologique et vous aurez déjà fait un grand pas dans la bonne direction. Mieke Pieters :

« Il en va de même pour les autres critères de durabilité. La gestion durable de la chaîne d'approvisionnement  figure parmi les sujets d’actualité. Aucune ville n’aime entendre que les pavés de ses rues ont été taillés par des enfants. Idem pour les hôpitaux qui préfèrent que leurs vêtements de travail soient produits dans des conditions dignes sur le plan humain.

Prenons la thématique de l’emploi social. En qualité d’organisme public, vous avez les moyens de mettre en pratique votre politique d’égalité des chances, du moins pour une partie, via les appels d’offre. Dans ceux-ci, vous pouvez intégrer une clause d’emploi lors de la construction d'une nouvelle école, par exemple. L’entrepreneur qui décroche le marché doit s’engager à mettre au travail à un certain nombre de jeunes issus du chômage, à les former et à leur octroyer un contrat pour autant qu’ils s’acquittent convenablement de leurs tâches. Souvent, il s’agit de métiers en pénurie de main-d’œuvre, l’employeur y trouve donc aussi son intérêt.

Vous pouvez aussi exiger de l’entrepreneur qu’il fasse appel à l'économie sociale pour exécuter certaines tâches répétitives consommant beaucoup de main-d’œuvre. Exemple : demander à ce type de collaborateurs de préparer le chantier avant l’arrivée des peintres et de le nettoyer à la fin des travaux. »

Normes durables

Les nouvelles idées sur la durabilité révolutionnent le monde des achats. Une nouvelle norme ISO sur les achats durables est attendue pour 2016 ou 2017 (ISO 20 400). Les CPO (Chief Procurement Officers) des grandes organisations se mettront sans peine au courant, soutenus par leur équipe et en contact étroit avec la direction. Mais qu’en est-il des acheteurs au sein d’une commune ou d’une organisation de taille plus modeste ? Pour ce type d’organisation, Mieke Pieters estime que l’acheteur a besoin d’être bien entouré :

« Avec les moyens d’une équipe, il est plus aisé de construire une stratégie, de se fixer des objectifs, choses moins accessibles à un acheteur isolé. Autre piste : se joindre à un groupe d'achat plus important. De plus en plus de petites communes groupent leurs achats avec des villes plus grandes, dotées d’une équipe plus structurée. C’est grâce à l’union des forces que nous arrivons à mener une politique d’approvisionnement durable au meilleur prix. »

5 quick wins

  1. Dans les appels d’offres, accordez la priorité aux fournisseurs disposant d’une flotte récente et  écologique.
  2. Passez aux emballages recyclables susceptibles d’être repris par le fournisseur.
  3. Achetez des produits pourvus de labels durables (FSC ou PSC, Ecolabel, Max Havelaar, Fair Trade…).
  4. Optez pour des peintures écologiques et pour des entreprises de peinture qui donnent leur chance à des groupes vulnérables, défavorisés.
  5. Mesurez ce que vous avez déjà accompli (économies d’énergie, conversion de plusieurs imprimantes individuelles en une machine commune multifonction…) et communiquez à ce propos. Sans communication, les interventions durables n’existent pas et vous ne pourrez susciter le soutien de vos différents publics.
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13.06.2016

Durabilité et pratiques locales & citoyennes : le come-back de la coopérative

Notre salut ne vient pas que d'en haut. La base fourmille aussi de bonnes idées. Les citoyens prennent d’eux-mêmes des initiatives innovantes et durables.

Voitures partagées, agriculture commune, habitat groupé ou kangourou, ateliers vélo sociaux, achat collectif de produits alimentaires à la ferme, jardins potagers communautaires, éolienne financée par un quartier… Ce sont là toutes de bonnes idées de transition émanant des citoyens eux-mêmes. Le dénominateur commun : la philosophie coopérative, qui trouve principalement ses adeptes dans des villes un peu plus importantes. ‘Bottom-up’, disions-nous ? Quoique…

« Dans la pratique, ce n’est pas si ‘bottom-up’ qu’on pourrait l’imaginer, il y a aussi du ‘top-down’. Bon nombre de ces initiatives émanent en réalité de personnes employées par les autorités locales », affirme Thomas Block, professeur de développement durable et de gouvernance. « Elles portent deux casquettes, ce qui mène à la confusion. En réunion, elles ne savent plus trop si on les interpelle en vertu de leur qualité de citoyen ou en tant que fonctionnaire et entrent parfois en conflit avec l’administration ou d’autres services de la ville.

Prenons, notamment, le projet des « leefstraten » (les rues à vivre) : les résidents, avec le soutien de la ville, créent temporairement une « rue de rêve » sans voitures, même pour un temps. Mais comment faire si une minorité d’habitants s’opposent au projet ? Les autorités passent-elles outre ? Quid en cas d’objection des pompiers ? »

Certaines initiatives citoyennes ont une vie brève, d’autres connaissent un succès considérable. Des systèmes de partage de voiture comme Cambio ont connu un succès rapide. Qu’est-ce qui explique la réussite d’une initiative ? Plusieurs facteurs interviennent, souligne Thomas Block :

Le rôle des citoyens

La culture coopérative constitue le fil rouge dans beaucoup d’initiatives citoyennes : les gens unissent leurs forces et se sentent suffisamment puissants pour aborder les choses différemment. Pour les porteurs du projet, le volet social est parfois plus important que l’aspect durable. Leur priorité n’est pas toujours de sauver la planète mais ils prennent plaisir à imaginer les choses autrement. 

Le rôle des autorités

Pour une ville ou une commune, il n’est pas toujours évident de savoir si elle doit soutenir des initiatives citoyennes durables ni dans quelle mesure. Un petit coup de pouce financier est toujours bienvenu, tout comme le partage de savoir-faire. Mais reprendre entièrement l’initiative à son compte et la gérer totalement est rarement une bonne idée. La ville ou la commune doivent pouvoir lâcher prise, laisser les citoyens faire à leur guise. Une solution passe-partout est peut-être tentante mais mieux vaut la freiner car une initiative citoyenne naît dans un contexte particulier et justifie donc une approche différente, un travail sur mesure, en somme. 

Le rôle des entrepreneurs publics

Dans le jargon, on les nomme policy entrepreneurs. Les entrepreneurs publics sont des politiques, des fonctionnaires ou des citoyens qui se comportent en entrepreneur enthousiaste. Ils identifient les opportunités, mettent en place leur réseau, connectent les citoyens et les pouvoirs publics et se donnent sans compter. Ils connaissent aussi les arcanes de la politique et savent quel chemin emprunter pour réaliser un projet. 

La maturité du projet

L'initiative doit être suffisamment “mature” pour être capable de colmater les failles apparues dans un système de taille supérieure. Prenons à nouveau le système de la mobilité, historiquement destiné au propriétaire de voiture individuel. Les failles du système sont connues : les particules fines, les embouteillages et le bruit, et à un niveau supérieur, le réchauffement climatique et l'épuisement des matières premières. Le concept des voitures partagées exploite ces failles et offre une alternative dans laquelle de plus en plus se reconnaissent. Le système est autosuffisant. Les autorités locales apportent leur contribution en réservant des places de stationnement à des endroits-clés et participent au système.

Thomas Block ajoute deux commentaires personnels à cette idée de volontarisme coopératif :

  • Une initiative, même couronnée de succès, ne parvient pas toujours à chambouler l’ordre établi. Les forces en présence ne sont pas seulement “l’industrie” ou le “grand patronat”, mais aussi les citoyens eux-mêmes. Les aliments locaux, bio et de saison connaissent un franc succès auprès d’une partie de la population. Mais un nombre encore plus important de consommateurs continuent à exiger toute l’année des fraises et des haricots dans les rayons de leur supermarché.
  • Les citoyens qui s’engagent dans des initiatives de ce type appartiennent généralement à la classe moyenne blanche, progressive et critique. Une minorité de la population, donc.

Le local et le global montent en puissance

Dans de nombreux domaines de la vie publique, le pouvoir de l’État-nation s’érode. Il en va de même sur la question du durable. Les pouvoirs locaux et les institutions globales gagnent en puissance.

Plus de pouvoir aux bourgmestres

Les États-nations ont une échelle trop grande pour favoriser la démocratie directe. De plus, ils bloquent la coopération internationale parce qu'ils refusent de perdre la moindre parcelle d’autorité sur leur territoire, conclut le politologue américain Benjamin Barber. En conséquence, ces États s’opposent à toute forme de solution à des problèmes transfrontaliers, comme le réchauffement de la planète. 

Dans son ouvrage ‘If Mayors ruled the World’, Barber explique en quoi les villes ont tous les atouts pour résoudre des problèmes de taille mondiale. À titre d’exemple, Los Angeles a déjà réussi à réduire ses émissions de CO2 de 20 %, alors que les Etats-Unis, en tant que nation, sont encore loin de ce résultat. Beaucoup d'autres villes se fixent des objectifs nettement plus ambitieux en termes de réduction de CO2 que les autres niveaux de pouvoir.

À l’heure qu’il est, bon nombre de villes collaborent avec d’autres municipalités au sein de réseaux et d’organisations comme Eurocities afin de trouver des solutions à des problèmes majeurs. Ce type d’initiatives peut encore aller plus loin, estime Barber. Il plaide pour un parlement mondial des bourgmestres, comptant 300 sièges. Les villes participeraient à tour de rôle et se réuniraient trois fois par an pour approuver des propositions (non contraignantes).

« Les villes devraient bénéficier d’une plus grande marge de manœuvre, tant sur le plan financier que juridique », déclare Barber au cours d’une interview avec ‘De Correspondent’, une plateforme de journalisme néerlandaise. « Les villes possèdent plus de points de convergence que les pays. Si l’Allemagne se développe, cela risque de se faire au détriment de la Pologne. Si Berlin connaît une croissance, Cracovie n’en prendra pas ombrage, par contre. Une collaboration entre New York et Moscou me semble plus facilement envisageable qu’une coopération entre Barack Obama et Poutine. »

Plus de pouvoir à l’Europe et aux institutions globales

Un organisme fort, capable d’imposer des décisions au niveau mondial ? Cela ressemble étrangement aux Nations Unies, mais l’inconvénient est que seul un groupe restreint d’acteurs y prennent les décisions. Plus près de nous, l'Union européenne est confrontée à un déficit démocratique encore plus important que celui des États-nations. Mais la distance entre les institutions européennes et les citoyens européens fait que l’Union a moins de difficultés à imposer des mesures parfois impopulaires, mais durables. Il suffit de se remémorer la problématique en matière d’engrais. Le mécanisme est connu : les politiciens nationaux « demandent »  à l’Europe d'imposer des normes environnementales et autres, plus sévères. Ainsi, ils peuvent dire à leurs citoyens : « C’est l’Europe qui en a décidé ainsi ».

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13.06.2016

Durable, la durabilité ?

La durabilité est une question de perception. Et, naturellement, des intérêts économiques sont en jeu. Qu’est-ce qui tue le durable ?

La voiture électrique ?

Un véhicule qui fonctionne grâce à une batterie électrique serait moins polluant qu’un moteur à essence ? Oui, pour autant que l’électricité ne provienne pas d’une centrale au charbon. Mais pour changer notre mobilité en profondeur – outre épouser la révolution technologique – il nous faut adopter un autre comportement.

Le bénéfice du progrès technologique est hélas souvent réduit à néant par une consommation plus élevée. Cela s’appelle le rebound effect, l’effet rebond, en jargon économique. Echanger le parc entier de voitures classiques contre un nombre égal d’électriques polluerait tout autant et ne résoudrait pas le problème des bouchons. Pour progresser pleinement, pensons aussi à aménager des pistes cyclables sûres, à offrir des transports en commun confortables et abordables et à parfaire les systèmes de voitures partagées. Autre exemple de l’effet rebond : utiliser les atouts des panneaux solaires pour chauffer la piscine ou éclairer entièrement le jardin pendant la nuit.

Le circuit court ?

Agriculture urbaine, limitation du kilométrage alimentaire, production locale… le circuit court a le vent en poupe. C’est certes une manière simple de produire et de consommer durable, mais ce n’est pas pour autant une solution universelle. Que fait-on du commerce équitable ? Cela reviendrait à jeter le bébé avec l’eau du bain. 

Le défi est de créer un circuit long socialement responsable et écologiquement durable. Pas évident. Ceci dit, pourquoi ne pas poursuivre plusieurs objectifs durables à la fois ? Exemple : si les agriculteurs et les commerçants du Sud obtiennent un prix correct pour les bananes, le café et le chocolat, pour autant que l’impact du transport sur l’environnement soit peu significatif, le système peut s’avérer durable. 

Par ailleurs, emmener par la mer des crevettes de la mer du Nord aller et retour jusqu’au Maroc pour les décortiquer sur place – même si le travail local est payé correctement – n’est pas durable. Astuce à l’attention de ceux qui veulent décortiquer les crevettes eux-mêmes : arrachez-leur la tête, enlevez les parties principales de la carapace, pincez la queue et votre crevette est bonne à déguster !

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13.06.2016

La Tour des Pensions : 50 ans et toujours un modèle d’économie durable

À Bruxelles, la Tour du Midi, mieux connue sous le nom de Tour des Pensions, date de 1964. Elle est pourtant l’un des immeubles de bureaux les moins énergivores du pays.

La Tour du Midi (150 mètres, 36 étages, 41.000 m² de surface utile, 1.670 membres du personnel) est le bâtiment le plus haut de Belgique. Il y a vingt ans, la coque extérieure - une façade en verre - est rénovée. L’Office national des Pensions (ONP) estime bien pouvoir encore réaliser des économies.

En 2008, le département Facility Management, en collaboration avec Veolia, le gestionnaire des installations techniques, constitue une Energy Team. Cette équipe réalise un audit énergétique qui permet de réduire drastiquement la facture énergétique et les émissions de CO2. Comment relèvent-ils le défi ?

Marc Leunens (Facility Manager ONP) : « Nous isolons l'escalier de secours qui monte jusqu’au 36e étage et insistons fortement auprès des employés pour éteindre les lumières et les ordinateurs après leur travail. Mais là où nous faisons réellement la différence, c’est lorsque nous modifions radicalement notre approche en matière de chauffage et de refroidissement. En 4 ans, cela nous permet de diminuer la consommation d'électricité de 29 % et la consommation de mazout de chauffage de 37 % : nous passons de 760 000 litres en 2009 à 443 000 litres en 2013. Au total, nous parvenons ainsi à économiser plus de 6000 tonnes d'émission de CO2 – ce qui représente l’émission moyenne de 1600 ménages. »

Les immeubles de bureaux sont généralement chauffés au mazout. Dans l’entre-saison, on peut l’affirmer, les trois chaudières au mazout de la Tour des Pensions sont une source de gaspillage. Marc Leunens :

« Au printemps et au début de l'automne, il suffit généralement d’allumer quelque peu les chaudières le matin. Nous installons donc deux sources de chauffage supplémentaires. La première est alimentée au gaz et produit tant de l’électricité que de la chaleur. Nous utilisons les deux simultanément autant que possible. Le courant est destiné aux serveurs de notre salle de données car ils doivent fonctionner en permanence. Dans l’entre-saison, nous utilisons la chaleur pour le chauffage. Avantage supplémentaire : pour la cogénération, nous avons obtenu nos certificats verts.

La deuxième source est constituée par deux pompes à chaleur. Elles fonctionnent à l’électricité verte. L'une des deux est une pompe à eau à haute température – la première du genre en Europe pour un immeuble de bureaux. Grâce à ces deux systèmes, nous pouvons attendre bien plus tard en saison pour remettre en route nos chaudières au mazout. »

Quête permanente

L’Energy Team est toujours en quête d’économies. Marc Leunens admet cependant que la tâche devient de plus en plus ardue.

« Nous investiguons si nous pouvons installer des mini-éoliennes sur le toit. La Tour du Midi est un des cinq endroits à Bruxelles les plus propices à ce type de solution. Une analyse des possibilités en matière d’éclairage LED est également en cours. Il y a 15 ans, malheureusement nous remplaçions toutes nos lampes par des lampes économiques. Vouloir toutes les convertir en ampoules LED n’est pas forcément la solution : nous obtiendrions un pouvoir de résolution trop élevé ou nous serions contraints de diminuer le nombre d'appareils d'éclairage, ce qui nous obligerait à réaménager les plafonds. Une opération très coûteuse, surtout cumulée au prix de l’équipement LED.

En tout cas, nous continuons nos recherches. Nous tenons à conserver le certificat EMAS obtenu en 2008. Cet ‘Eco-Management and Audit Scheme’ est un outil européen de management destiné aux organisations en recherche continue d’amélioration sur le plan des performances environnementales ».

Le contrat de performance énergétique : tuyau pratique pour le locataire

C‘est au locataire qu’il revient d’honorer la facture énergétique. Pourquoi le bailleur ou le gestionnaire de l’installation externe voudrait-il investir dans des systèmes plus économes ? L’opération lui coûterait de l’argent sans rien lui rapporter. Un conseil pour le locataire ? Le contrat de performance énergétique.

Marc Leunens : “Vous prenez une année de référence pour la consommation et vous y apportez quelques corrections pour les jours plus chauds ou plus froids que la moyenne. Nous disposons d’une station météorologique sur le toit qui nous aide à établir nos prévisions, mais nous pouvons toujours vérifier les données auprès de l’IRM. Si nous consommons moins d'énergie que l'année de référence pour garantir la température de confort que nous nous sommes fixée, la facture est inférieure et nous en partageons le bénéfice avec notre prestataire de services. Par contre, si nous consommons plus, par exemple suite à un mauvais réglage du système, c’est lui qui remboursera la différence. Par ce système de bonus-malus, le prestataire est financièrement stimulé à bien collaborer ; il a tout intérêt à ce que le bâtiment soit le plus économe possible.”

Un abonnement pour fidéliser sa clientèle, se réinventer en période de crise et acheter mieux : Emna Everard a vu juste pour lancer et pérenniser sa start-up bruxelloise.

Née dans une famille de médecins spécialisés en diététique, Emna Everard sait ce que signifie manger sainement. « À 12 ans, je décryptais déjà les étiquettes des emballages. Mon rêve était de réussir à ouvrir, un jour, un supermarché où on pourrait faire ses courses les yeux fermés » se souvient-elle. 

Et puisqu'Emna Everard a l'entrepreneuriat dans le sang, c'est ce qu'elle a fait. En 2016, un peu avant la fin de ses études supérieures, elle lance le supermarché en ligne « le plus sain du marché » : Kazidomi. Ses exigences sont élevées, tant en matière de composition que de goût. Car Kazidomi trie ses produits sur le volet, permettant à sa clientèle d’acheter en toute confiance des produits sains, majoritairement bio et tournés vers le végétal.

Le programme de fidélisation

Six mois après son lancement, la croissance de Kazidomi s’accélère grâce au lancement de son programme de fidélité. Un abonnement à 59 euros qui offre des réductions de 20 à 50% sur l'ensemble des produits alimentaires, cosmétiques ou d'entretien disponibles en ligne. Rentabilisation et économies garanties.

S’en suit une première levée de fonds de 50.000 euros en 2017. Kazidomi grandit, étend la taille de son stock et développe son marketing. Emna Everard engage ses deux premiers collaborateurs. Le chiffre d’affaires augmente vite et explose littéralement pendant la crise du Covid. « Les consommateurs avaient soudain le temps de réfléchir à leur santé et à leur bien-être et faisaient l’essentiel de leurs achats en ligne » ajoute-t-elle.

Comment se réinventer ?

L’après crise constitue un tournant. « Kazidomi a dû se réinventer. Nous voulions trouver une stabilité financière et éviter toute dépendance à des moyens externes » poursuit Emna Everard. Avec ses équipes, elle mène une réflexion sur la structure des coûts, l’efficience opérationnelle et le marketing. L’objectif n’est plus la croissance à tout prix, mais bien la pérennité et la santé financière de l’entreprise, grâce à une réorganisation intelligente.

Deux acquisitions vont ensuite permettre à Kazidomi de relancer sa croissance, en créant des synergies porteuses : « Smart Fooding » en août 2022 et « Bébé au Naturel » quelques mois plus tard. Une entité spécialisée dans les produits sains pour les bébés et leurs parents. « Avec Bébé au Naturel, nous avons doublé le volume de colis envoyés » complète Emna Everard. « Cela nous a permis d’obtenir un meilleur tarif auprès de nos transporteurs et de réduire les coûts ».

Une banque réactive et à l’écoute

En tant que banquier de la start-up bruxelloise, BNP Paribas Fortis lui a accordé trois crédits à son lancement, entre 2016 et 2019. Un soutien qui coulait de source, les engagements de Kazidomi en matière d’objectifs ESG (Environnemental, Sociétal et Gouvernance) cadrant parfaitement avec la stratégie de la banque. « Nous avons intégré le programme Innovation Hub de BNP Paribas Fortis et notre chargé de relation - qui connaissait très bien le milieu des start-ups - s'est montré immédiatement enthousiaste et très à l'écoute. Il a cru en notre projet, l'a suivi de près, nous a conseillé de participer à une série d'événements pour rencontrer d'autres acteurs dont le parcours et le profil est intéressant pour nous », explique l’Entrepreneure de l’année 2019.

Mais le soutien ne s’est pas arrêté là. « En décembre 2022, c’est grâce à BNP Paribas Fortis, entre autres, que nous avons pu acquérir « Bébé au Naturel ». Des start-ups comme Kazidomi ont besoin d’une grande réactivité de la part de leur banque. Quand il y a une entreprise à racheter, une opportunité, les choses doivent aller vite. Analyse du dossier, mise à disposition des fonds : BNP Paribas Fortis a toujours été réactif et enthousiaste et nous a soutenu dans 99% de nos demandes » s’enthousiasme la CEO.

Huit ans après son lancement, Kazidomi livre 4.000 produits partout en Europe. La start up belge réalise 90% de ses ventes via son site web et 10% via des revendeurs externes, comme Delhaize.

Kazidomi a également lancé sa propre marque «Kazidomi», qui propose 200 produits. «En travaillant en direct avec les producteurs, nous pouvons proposer les produits les plus qualitatifs possibles, au meilleur prix».

https://www.kazidomi.com/fr

Kazidomi est prêt à changer le monde. Découvrez d’autres histoires fascinantes de chefs d’entreprise.

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