Bientôt neuf centrales hydroélectriques amovibles en Haute-Meuse
Rutten Electromécanique SA. Eliminer presque tout le génie civil Centrale commandée par smartphoneInstaller 9 centrales hydroélectriques sur la Haute-Meuse : c'est le contrat de concession de 20 ans qu'a remporté, en 2007, l'entreprise wallonne Energie-Fleuves, filiale de Rutten Electromécanique SA. A terme, elles fourniront de l’électricité à 30.000 foyers. Depuis sa création en 1981, Rutten a développé des centrales ultra-innovantes, légères, performantes et… amovibles. Portrait d'un champion discret et de ses centrales nouvelle génération.
Nous avons réussi à éliminer le génie civil de nos centrales JEAN RUTTEN, RUTTEN ELECTROMECANIQUE SA
Rutten Electromécanique SA.
En juillet 2007, à l'issue d'un appel d'offres, un décret du Parlement wallon entérine le choix de Rutten pour la concession, par la Région, de 9 centrales hydroélectriques entre la frontière franco-belge et Namur.
Jean Rutten, qui codirige, avec son frère Léon, Rutten Electromécanique SA. : « Une centrale représente un coût total d'environ 6 millions d’euros. Le coût d’un barrage classique, véritable cathédrale de béton, s’élève, lui, au grand minimum à 20 millions d’euros ».
L'ensemble devrait être terminé d'ici 4 à 6 ans. Une fois les centrales installées, le potentiel hydroélectrique wallon pourra être considéré comme bien exploité. Chaque centrale produira 8.500 mégawatts/heure annuels, de quoi alimenter 3.400 ménages. Un atout considérable pour la Wallonie.
Particularité remarquable des unités construites et installées par Rutten Electromécanique: elles sont entièrement amovibles. Il s’agissait d'une exigence de la Région wallonne. Chaque centrale (à peu près 320 tonnes d'acier) peut être complètement levée au moyen de quatre grues spécialement développées par l'entreprise et intégrées à la structure même de l'ouvrage. L'opération prend une vingtaine de minutes ; la centrale peut ensuite être maintenue verticalement hors de l'eau le temps nécessaire, par exemple à la baisse du niveau des eaux. Ainsi, elle est systématiquement relevée dès que le débit de la Meuse dépasse les 500 m³/s à la frontière française.
Eliminer presque tout le génie civil
Une prouesse rendue possible par le modèle innovant développé par Rutten Electromécanique : des ouvrages presque entièrement exempts de génie civil. Une première mondiale… et un atout considérable, lorsque l'on sait que le coût du génie civil, qui comprend généralement la construction d’un barrage, de canaux de dérivation, d’échelles à poisson, entre autres (soit au moins 75% de l'investissement total) obère complètement la rentabilité d'un projet de production hydroélectrique pour des dénivelés inférieurs à 4 mètres.
La première centrale amovible a été construite et fonctionne à Hun (Yvoir) ; les deux suivantes, à Hastière et à Waulsort, sont en cours de fabrication. La neuvième et dernière centrale, celle de La Plante, fait l'objet d'une clause spécifique précisant que les conditions économiques doivent être réunies (en clair, le prix de l'énergie). Car le dénivelé étant plus faible (1,60 mètre), la rentabilité de l'ouvrage, situé de surcroît hors de la zone de « chômage » trisannuel de la Meuse, est moins évidente.
Chaque centrale fait l'objet d'un financement tripartite, réparti de façon égale entre BNP Paribas Fortis, Belfius et Namur Développement Compétitivité. BNP Paribas Fortis dispose d'un pôle de compétence multidisciplinaire chargé d’évaluer les projets « verts » (production d'énergies renouvelables et efficacité énergétique) : Sustainable Energy Services. De tels projets requièrent en effet une approche différente.
Quentin Nerincx, conseiller : « La seule garantie pour les investissements consentis, c'est le projet lui-même. Dès lors, il est important d’évaluer avec précaution la stabilité des revenus futurs. Une analyse approfondie en amont du projet est donc indispensable : faisabilité, mesure des risques techniques et financiers, mais aussi conseils de première ligne en matière d'aides publiques, de réglementation en vigueur, etc. »
La banque propose également de comparer les mécanismes de financement possibles entre autres emprunt bancaire traditionnel, leasing, financement sur base de contrats de performance énergétique. Les porteurs de projet disposent ainsi de la meilleure vision possible des risques, des coûts et de la rentabilité.
Centrale commandée par smartphone
Les centrales conçues par Rutten Electromécanique, fruits de plus de 30 ans de savoir-faire, sont également novatrices parce qu'elles permettent le démontage des corps de turbine sans aucun boulon. Pas besoin de plongeurs : le module est retiré au moyen d’une grue placée sur la rive. Ensuite, il est chargé sur un camion, réparé à l'usine, et puis replacé.
Chaque centrale comporte 6 turbines. Les turbines (d'un débit de 17 m³/s chacune) s'adaptent automatiquement au débit du fleuve. Les ouvrages peuvent également être commandés à distance, via un smartphone ou une tablette. Autant d'innovations rendues possibles par des investissements constants dans la Recherche et le Développement. Une politique soutenue, dès l'origine, par BNP Paribas Fortis.
Jean Rutten : « A nos débuts, nous avons bénéficié d'un prêt sur notoriété. Nous n'apportions rien en garantie, et déjà, à l'époque, c'était rare. Depuis, nous sommes restés fidèles et une relation de confiance s’est instaurée. Et la banque nous fournit aussi une expertise précieuse pour les paiements à l'étranger. »
Car les centrales développées par Rutten Electromécanique ont attiré l'attention hors de nos frontières.
Jean Rutten : « Nous recevons beaucoup de marques d'intérêt venant d'Europe orientale. Ainsi, par exemple, nous étudions actuellement 20 sites en Pologne. »
La PME wallonne bénéficiera, avec les centrales de la Haute-Meuse, d'une vitrine incomparable.
Jean Rutten : « Disposer, chez soi, d'installations que les prospects peuvent visiter est irremplaçable. Les clients viennent voir : pas de bruit, pas de pollution, une faible surface occupée (contrairement au solaire), pas d'ombre portée (par opposition aux éoliennes)… L'énergie hydroélectrique est vraiment une des plus vertes. »
Source : Echo Connect.