Optimiser ses coûts de financement avec un programme EMTN
Stratégie de financement d’Infrax 500 millions d’euros Investisseurs institutionnelsMettre en place un programme Euro Medium Term Notes n’est pas une sinécure. C’est néanmoins une solutions intéressante pour lever de manière flexible des capitaux importants. Le gestionnaire de réseaux Infrax est ainsi parvenu à récolter 250 millions d’euros à deux reprises en très peu de temps.
Grâce à un programme EMTN, nous avons pu récolter très rapidement 250 millions d’euro. CHRIS BUYSE & STEPHAN CLAERHOUT, INFRAX
Stratégie de financement d’Infrax
Infrax assure la gestion des réseaux de distribution d'électricité, de gaz naturel, de télédistribution et d’égouttage dans 122 communes flamandes et 4 communes wallonnes. Il s’agit d’une société d’exploitation constituée de 8 gestionnaires de réseau, tous propriété à 100 % des communes et des provinces.
Traditionnellement, la stratégie de financement d’Infrax était presque exclusivement basée sur les prêts bancaires.
Stephan Claerhout, responsable de la trésorerie : « Cependant, avec la crise financière, l’accès au crédit est devenu plus rigide. En 2012, lors de la dernière adjudication européenne, nous avons encore pu financer la totalité de nos besoins de crédits auprès des banques. Toutefois, contrairement à ce qui se passait jusque-là, aucune banque n’a pu prendre à son compte la totalité du montant. »
Le crédit de 150 millions a ainsi été attribué à trois banques belges. Dans le même temps, Infrax a vu sensiblement diminuer la montagne de cash dont il disposait depuis des années. En cause ? L’augmentation significative des panneaux photovoltaïques. Les gestionnaires de réseaux sont en effet tenus de racheter les certificats d’énergie verte à un prix garanti à leurs propriétaires.
500 millions d’euros
Confronté à une nouvelle donne sur les marchés financiers et à des besoins de financement croissants, Infrax a décidé de mettre sur pied un plan de financement différent.
Muriel Reynaerts, chargé de relation chez BNP Paribas Fortis : « En raison de la forte volatilité des marchés, une entreprise doit explorer différentes formes de financement afin de pouvoir se financer de façon optimale. Actuellement, les banques disposent à nouveau de capitaux en suffisance, mais elles sont toujours réticentes à prêter à très long terme. Conséquence directe des normes dites de Bâle III, qui imposent des ratios de solvabilité beaucoup plus sévères aux banques. »
C’est pourquoi Infrax a décidé de lancer un programme Euro Medium Term Notes (EMTN) avec l’aide de BNP Paribas Fortis, chef de file de l’opération. Les titres EMTN s’inscrivent dans le cadre d’un programme européen d’émission d’obligations à moyen et long terme sur les marchés des capitaux. Ces obligations doivent cependant satisfaire à un nombre important de règles et de normes afin que le programme puisse garantir des émissions uniformes aux investisseurs.
En raison du cadre réglementaire particulièrement strict, la mise en place d’un programme EMTN n’est pas une sinécure. Non seulement une batterie de juristes interviennent pour rédiger le prospectus, mais celui-ci doit également être approuvé par la FSMA, l’Autorité de surveillance des services et des marchés financiers en Belgique.
Stephan Claerhout : « La phase préparatoire est assez longue et s’étend facilement sur trois mois. Mais dès que le cadre juridique est fixé, un programme EMTN se révèle un instrument de financement très flexible qui permet de lever régulièrement des capitaux importants. Désormais, une mise à jour du prospectus suffit pour lancer une nouvelle émission. Et cela peut aller très vite. »
Dans le cas de l’émission de 2013, par exemple, la FSMA a approuvé le prospectus le 1er octobre. A peine trois semaines plus tard, le gestionnaire de réseaux pouvait déjà se présenter aux investisseurs institutionnels lors de roadshows à Paris, Londres et Bruxelles. Avant la fin du mois, Infrax avait déjà récolté 250 millions d’euros.
Stephan Claerhout : « Ce qui m’a frappé au travers des contacts avec les investisseurs institutionnels, c’est qu’ils étaient beaucoup plus attentifs aux cash-flows et aux liquidités qu’à la rentabilité ou à la solvabilité. Ils veulent avant tout être certains de pouvoir récupérer le montant de leur investissement à l’échéance ».
Infrax a levé une première tranche de 250 millions d’euros en 2013, suivie par une deuxième d’un montant identique un an plus tard. Les premières obligations avaient une maturité de 12 ans et offraient un coupon de 3,75 %. Les obligations de 2014 ont été émises à 15 ans et étaient assorties d’un coupon de 2,625 %. L’écart de taux important entre ces émissions est largement imputable à la note officielle que Fitch, l’agence de notation américaine, avait entre-temps décernée à Infrax.
Stephan Claerhout : « Nous avons très rapidement remarqué que notre note A nous permettait de lever des capitaux à des conditions beaucoup plus favorables ».
Investisseurs institutionnels
Le programme EMTN est un véritable succès.
Stephan Claerhout : « Il répond parfaitement aux besoins d’une entreprise comme la nôtre, qui s’adresse périodiquement aux marchés des capitaux ».
Car l’entretien et le développement de réseaux de distribution exigent de lourds investissements. Ainsi, d'ici 2027 au plus tard, les états membres de l’Union européenne sont-ils tenus de construire un réseau d’égouttage totalement séparé pour l’évacuation des eaux de pluie et celle des eaux usées.
Chris Buyse, CFO d’Infrax : « Rien que cela représente un investissement de plusieurs centaines de millions d’euros ».
En outre, le gestionnaire de réseaux doit investir en permanence dans son réseau câblé, afin que la largeur de bande satisfasse aux exigences de plus en plus élevées de l’internet à très haut débit, et permette le téléchargement rapide de musique et de films.
Chris Buyse : « Sur le marché de l’électricité, le développement d’un réseau intelligent figure à nouveau parmi les priorités. Car de plus en plus de consommateurs deviennent également des producteurs, ce qui exige un réseau de distribution capable de faire correspondre parfaitement l’offre et la demande au niveau local ».
En s’adressant aux investisseurs institutionnels, Infrax est entré dans une nouvelle dimension.
Stephan Claerhout : « Plus encore qu’auparavant, nous devons être attentifs à notre communication et à notre reporting financier. Car les investisseurs institutionnels nous suivent de très près à présent. Avant, nous évoluions en compétition nationale ; aujourd’hui, nous sommes en Champions League ».