"L’université a un rôle déterminant à jouer dans la transition"
Quel est le souvenir le plus mémorable de votre voyage ? Quelle est l’approche de la KU Leuven en la matière ? Pourriez-vous illustrer votre propos ? Mais revenons à votre périple de Louvain à Oslo. D’après-vous, cette ville mérite-t-elle son titre de capitale verte de l’Europe ? Qu’entend-on précisément par « Leuven 2030 » ? Vous dites que tous les acteurs de la société doivent collaborer. Comment envisagez-vous le rôle du monde financier, et plus précisément celui de BNP Paribas Fortis dans ce contexte ?Stefaan Saeys (KUL) faisait partie de notre Learning Expedition à Oslo. Comment voit-il la transition vers une société climatiquement neutre et quel rôle y est dévolu aux milieux académiques et financiers ?
Lire des articles sur la décarbonisation et les innovations qui alimentent la transition énergétique est une chose. Les voir de ses propres yeux, en est une autre ! C’est pourquoi, BNP Paribas Fortis Corporate Banking a invité en février quelque 80 entreprises et organisations à Oslo, sacrée Capitale verte de l'Europe, pour un voyage d’étude et d’inspiration. Parmi ces organisations, était présente la KU Leuven, en la personne de Stefaan Saeys, membre de la direction des Services Techniques de la KUL. Cette université accueille environ 60 000 étudiants et emploie 10 000 personnes.
Le défi climatique est une thématique qui nous concerne tous. Stefaan Saeys
Quel est le souvenir le plus mémorable de votre voyage ?
Le voyage était parfaitement organisé et nous avons découvert des initiatives intéressantes, par exemple dans le domaine du stockage du CO2 ou de l’accélération de l’électromobilité. En revanche, ce sont les contacts avec les autres participants qui m'ont le plus marqué. Qu’en ressort-il ? Le défi climatique est une thématique qui nous concerne tous. Et de nombreuses questions restent en suspens : que pouvons-nous faire pour apporter concrètement notre pierre à l’édifice ? Comment pouvons-nous faire la différence ? Et quel rôle sera dévolu aux différents acteurs de la société ?
Quelle est l’approche de la KU Leuven en la matière ?
En matière de durabilité, nous travaillons avec un plan politique quinquennal. Nous entendons devenir une université neutre en carbone à terme. Il suffit de penser à notre parc immobilier : nous isolons systématiquement nos bâtiments et passons à des modes de chauffage durables. Ces 10 dernières années, nous avons déjà réduit nos émissions de CO2 par m2 de 50 % et projetons de diminuer encore les émissions de CO2 de nos bâtiments de 20 %. Bien évidemment, il s’agit d’investissements majeurs, mais nous visons aussi des quick wins. À titre d’exemple, nous avons pris la décision il y a quelques années d’éteindre l’éclairage de tous les distributeurs automatiques des boissons des facultés. Cela ne nous coûte rien, mais permet en revanche d’économiser 100 000 kWh par an. L’effet de cette simple mesure équivalait à l’époque à 1 000 m² de panneaux solaires ! Un autre exemple est « Tap it up », une initiative qui encourage les élèves à passer à l’eau du robinet. Nous installons des robinets d’eau partout et stimulons nos élèves à apporter leur gourde pour y " faire le plein ". Cette approche permet non seulement de réduire l’empreinte carbone d’un consommateur moyen de 150 kg de CO2 par an, mais également d’alléger le budget alimentation de nos étudiants. Nous prenons également des initiatives dans le domaine de la mobilité. Les membres du personnel qui renoncent à leur place de parking reçoivent, de la part de la KUL, un vélo gratuit ou un vélo électrique/pliant moyennant une petite contribution. Nous l’entretenons à nos frais et s’il rend l’âme, le collaborateur en reçoit un nouveau. Nous prenons également des mesures pour le transport aérien. Bien sûr, si vous devez aller en Australie, vous n’avez pas d’autre choix que de prendre l’avion mais vous pouvez verser, si vous le souhaitez, un don au fonds pour le climat de l’université. Et pour les destinations plus courtes, nous nous orientons vers des modes de transport plus durables. Ce ne sont là que quelques-unes des actions que nous déployons aujourd’hui et prévoyons pour les années à venir afin de nous inscrire, et de « fonctionner », dans une perspective plus durable. Parallèlement, il y a aussi tout le volet de l’enseignement et de la recherche. En effet, la recherche et l’innovation joueront un rôle crucial dans la décarbonisation et la transition, et la KU Leuven joue également les pionnières dans ce cadre.
Pourriez-vous illustrer votre propos ?
Au début de cette année, une équipe de bio-ingénieurs de la KU Leuven a réussi à produire de l’hydrogène gazeux en utilisant un panneau solaire et de la simple vapeur d’eau. L’hydrogène est un gaz vert qui n’émet pas de gaz à effet de serre. De plus, il emmagasine de l’énergie et peut donc être utilisé comme « batterie ». Un tel système tout-en-un - un panneau solaire qui peut produire de l’hydrogène gazeux - fournit de l’hydrogène gazeux, de la chaleur et une énergie durable. Une véritable avancée ! Développée ici à la KU Leuven !
Mais revenons à votre périple de Louvain à Oslo. D’après-vous, cette ville mérite-t-elle son titre de capitale verte de l’Europe ?
Cette ville a sans conteste une longueur d’avance sur nous et nourrit des ambitions considérables. Par exemple, la Norvège entend cesser la commercialisation des voitures à moteur thermique en 2025. Actuellement, 30% des voitures vendues sont déjà électriques. D’ici 2030, le pays entend réduire ses émissions de 95 % et d’ici 2050, il veut être totalement neutre en CO2. Dans le même temps, nous devons toutefois garder à l’esprit que la Norvège paie ces changements en exportant des combustibles fossiles. C’est le revers de la médaille. Elle paie pour la prospérité de ses habitants et la décarbonisation avec des produits qui ne sont tout simplement pas durables. Il y a donc là matière à réflexion : comment allons-nous faire en sorte que la transition soit faisable et abordable pour tout le monde, et pas seulement pour quelques « rares privilégiés » ? Et cela nous ramène à Louvain où, en tant que partenaires de Leuven 2030, nous réfléchissons également à cette question.
Qu’entend-on précisément par « Leuven 2030 » ?
Leuven 2030 est une association sans but lucratif qui incite les habitants, les entreprises, les écoles, les organisations et les administrations à agir en faveur d’une ville de Louvain climatiquement neutre. Elle tient également compte de la diversité de la ville : nous voulons que le changement s’opère en respectant les impératifs de l’équité sociale. L’université y a participé dès le début. Et nous touchons une fois encore à un point crucial : si nous voulons réussir, nous aurons besoin de tous les acteurs. Une ville climatiquement neutre ne peut être imposée « d’en haut ». Au sein de l’université également, il existe une approche ascendante dans laquelle les différents services travaillent avec des ecoteams. Une telle ‘éco-équipe’ se compose d’un groupe de collègues et d’étudiants engagés qui collaborent en vue d'augmenter la durabilité du lieu de travail. Elle sensibilise les autres collègues et les étudiants et agit comme un signal pour le monde politique.
Vous dites que tous les acteurs de la société doivent collaborer. Comment envisagez-vous le rôle du monde financier, et plus précisément celui de BNP Paribas Fortis dans ce contexte ?
Le fait qu’une banque organise des initiatives telles que ces voyages d’études est, en soi, un très bon exemple de son engagement. Elle pourrait aussi bien parrainer un événement sportif… Je pense vraiment qu’il est louable qu’elle alloue un budget pour initier ses clients aux pratiques d’excellence en vigueur dans d’autres pays. Mais, de manière plus générale, son rôle sera, bien entendu, de financer toutes les solutions de décarbonisation nécessaires. Il suffit de penser aux énergies renouvelables, à l’efficacité énergétique, au captage et au stockage du CO2...
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